"L'écologie animale chez Animalis" | Cite Boomers

Animalis, une manière de voir autrement le monde des animaux

Pour mieux vivre, survivre, avancer, comprendre, percer les mystères innombrables, j’ai toujours recherché la compagnie des animaux. Comme Carl Gustav Jung, je crois que les arbres, les animaux, les hautes montagnes traduisent mieux l’essence divine que les hommes avec leur vanité.

Les animaux m’enseignent à habiter l’instant, sans rien prendre, et sans miroir ni mots, à contempler (être avec le temple). Ils vivent dans la présence pure à l’inverse des humains qui s’éprennent de leur reflet, toujours enclins à faire cocorico, à pousser leur cri à l’aube et devenir le centre. Les bêtes, des bouddhas qui s’ignorent ?, nous sont peut-être supérieures, comme le pensait la grande écrivaine française Colette. Est-ce qu’on sait, nous, s’orienter et ne pas perdre le nord, à l’exemple des oiseaux migrateurs en recourant aux champs magnétiques qui relient les pôles par des arcs de cercle longitudinaux ? Est-ce qu’on sait s’orienter sur la Voie lactée pour trouver son chemin, à la manière du scarabée bousier, qui se nourrit de crotte mais qui est plus intelligent que certaines créatures guidées par le seul dieu argent?

 Et ces ours et ces loups que nous sommes censés craindre? Ils incarnent ce qu’il y de plus sauvagement naturel et beau en nous, et qui fait peur. Malgré leur férocité même, pourtant à des lieues de la barbarie des hommes, ces bêtes sont plus vraies que nous. La palme de l’authenticité leur revient. Dangereux les animaux sauvages? Les humains tuent avec leurs engins bien plus de grizzlis que ceux-ci ne tuent d’humains. Quant aux loups que les chasseurs se sont éreintés à exterminer… On ne recensait au Canada sauf erreur aucune mort dont le canis lupus serait responsable. Par ailleurs, chaque année les hommes massacrent cent millions de requins contre une trentaine de bipèdes tués par les squales. Ces poissons sont d’ailleurs peu meurtriers en comparaison des insectes transmetteurs de maladies tropicales responsables de centaines de milliers de victimes. Et que dire du coronavirus qui assaille présentement l’humanité…

Nous, les humains, les plus grands prédateurs sur Terre, maintenons chaque année un cheptel de soixante milliards d’animaux destinés à être massacrés pour façonner burgers ou sacs à main… Au contraire, les grands prédateurs non humains œuvrent pour la survie des écosystèmes. Ainsi, même en tuant pour leur subsistance, les loups donnent la vie à plusieurs espèces. Leur réintroduction en 1995 dans les montagnes Rocheuses du Parc national de Yellowstone, le plus ancien du globe, a contribué à régénérer les forêts, là où les wapitis, sans prédateurs depuis l’éradication des loups dans les années 1930, avaient détruit la végétation. Les cervidés, se sentant de nouveau menacés par les loups, ont recommencé à se déplacer davantage, évitant ainsi l’épuisement des végétaux sur une même portion de territoire. Les loups ont influencé le comportement des rivières. Parce qu’il y avait plus d’arbres, les berges se sont stabilisées et les rivières fixées dans leur cours. Plus de végétation, plus de bêtes à plumes. Les oiseaux chanteurs sont retournés dans le parc, les renards et les castors aussi, dont les barrages ont fourni des abris aux loutres, aux canards, aux poissons, aux reptiles. Les loups ont tué des coyotes amateurs de lièvres et souris, nourriture des renards qui ont trouvé alors de quoi s’alimenter. Les visons se sont accrus en nombre, les blaireaux, les aigles dorés, et les corbeaux et les oiseaux de proie qui dévoraient les restes laissés par les loups et par les ours, dont la population a augmenté, leur présence étant un indicateur de santé, celle de pas moins de deux cents trente-cinq espèces.

CE LIVRE EST UNE ODE POUR LES ANIMAUX
J’ai écrit Animalis pour entrer dans l’intimité des bêtes et aller à la rencontre des animaux sauvages. Grande myope, je vois mieux de loin les mammifères que les volatiles ou les insectes. Je me suis donc intéressée, par exemple, aux loups et aux ours, emblématiques d’une vie sauvage et dangereuse. Je raconte mes séjours dans deux parcs nationaux, au Québec et en Alberta : la forêt laurentienne, dense et discrète ─ en quelque sorte la « forêt en soi » ─ du Parc national de la Mauricie, et la forêt boréale du spectaculaire Parc national de Banff, inscrit au patrimonial mondial de l’UNESCO. Pour m’accompagner dans ces démarches, j’ai pu compter sur des biologistes et spécialistes de la faune de Parcs Canada.

J’ai également fait une tournée des parcs animaliers et des refuges, notamment deux sociétés protectrices des animaux, le refuge Pageau, la fondation Mira et une autre fondation moins connue, Fauna, seul sanctuaire canadien pour chimpanzés rescapés de laboratoires biomédicaux et en proie à des symptômes post-traumatiques, mammifères élevés en captivité pour servir la science et victimes d’expérimentations abusives.

Bref, Animalis offre une manière personnelle de « voir » le monde et de penser les animaux. Dans ma quête de sens, je maintiens à distance la sentimentalité et le pathos, tout débusquant au passage les lieux communs qui traînent à la surface de la terre à propos des bêtes loin d’être bêtes. Je tente d’accéder à une espèce de présence pure en laquelle se tiennent les animaux. Pêcher avec les mots ce qui n’est pas le mot et qui vibre dans le silence. Ce livre est un refuge pour les animaux.
Par Claire Varin, Animalis, Montréal, Leméac éditeur, 2018.
Pour visiter son site : www.clairevarin.com

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