Passé 50 ans, de plus en plus de femmes connaissent la période la plus prolifique de leur carrière. C’est ce qui ressort des statistiques récemment publiées par Barclays Business, et d’après lesquelles le nombre de femmes de plus de 55 ans développant des projets de start-up a augmenté de 67% entre 2006 et 2016. Celui des cheffes d’entreprise âgées de plus de 65 ans a quant à lui grimpé de 132%.
Comment s’explique cette tendance? Tout d’abord, souligne Emma Kenny, psychologue britannique et fondatrice du Healthy Social Network, il s’agit d’une réponse logique aux évolutions économiques et sociétales:
«Auparavant, les femmes âgées de plus de 50 ans étaient considérées comme “dépassées”, et promises à un avenir reposant essentiellement sur leur rôle de grand-mères. En 2017, ce n’est plus le cas. L’image de la femme au foyer désormais dédiée à son époux (qui, lui, gravit encore les échelons) n’est tout simplement plus pertinente du point de vue économique.»
Et pour cause: plus de 64,2% des femmes âgées entre 50 et 64 ans travaillent encore, contre 41,9% en 1985, rapporte The Telegraph. Davantage intégrées sur le marché de l’emploi, ces dernières prennent, comme les hommes, leur retraite de plus en plus tard.
Les «revenantes»
Mais cette évolution traduit également un changement progressif des mentalités: «les femmes ont découvert d’autre sources d’épanouissement, et choisir sa carrière plutôt que sa famille est désormais acceptable», poursuit Emma Kenny. Celles qui, nombreuses, ont donné la priorité à la maternité puis à l’éducation de leurs enfants, peuvent entamer un nouveau départ à 50 voire 60 ans. Désormais «débarrassées» des contraintes familiales car leur progéniture a grandi, et/ou parce qu’elles sont divorcées, celles que l’on surnomme les «returners» (les revenantes) se concentrent alors de nouveau sur leur vie professionnelle. Et parfois mieux que jamais.
S’il n’est certes pas évident de retrouver un emploi au-delà de 45 ans, selon les chiffres français de Pôle Emploi, les femmes entrepreneures, à la cinquantaine, jouissent de qualités qu’elles n’avaient pas forcément –ou pas autant– à la trentaine, et qui se transforment en véritables atouts. À savoir: plus d’expérience et d’expertise, plus de flexibilité, plus de confiance en elles, plus d’autorité. Les rapports de force au sein de l’entreprise s’en verront donc potentiellement modifiés en leur faveur.
«Je pèse, maintenant. J’ai un pouvoir et une assurance qui me surprennent», confie Kedge Martin, 51 ans et fondatrice d’une entreprise qui accompagne les «personnes d’âge mûr» dans leur reconversion professionnelle. Comme elle, nombreuses sont celles qui souhaitent «explorer d’autres horizons», réaliser d’anciens rêves professionnels et exercer le métier ou obtenir le poste auquel elles ne pouvaient jusque-là pas prétendre. Une phase «excitante, brillante et vibrante» de leur vie.
Une démarche courageuse
Bien sûr, tout n’est pas toujours rose. Défier à la fois le sexisme et l’âgisme suppose énormément de courage et de volonté. Et, si besoin, de mettre –temporairement!– son orgueil de côté, précise Louise Chuun, qui était éditrice chez Vogue avant de fonder, à 57 ans, un centre de psychothérapie ainsi qu’un site internet dédié au bien-être, Welldoing.org.
«J’étais pitoyable avec tout ce qui touchait à la technologie. J’étais le genre de femmes qui devait faire appel “aux jeunes” lorsque j’avais un problème avec mon téléphone. J’ai dû faire un stage auprès d’une de mes anciennes stagiaires. Il faut assumer. S’en foutre d’avoir l’air d’être leur mère. Ou d’être la seule à dans la pièce à ne pas porter de baskets.»
Pour encourager les femmes qui, comme Louise ou Kedge, souhaitent franchir le pas, la psychologue Emma Kenny livre quelques conseils, à retrouver sur The Telegraph.
Parmi eux: «Portez votre âge comme une distinction honorifique. Les autres finiront eux aussi par le percevoir de la sorte»; «N’essayez pas de rivaliser avec les employés plus jeunes, démarquez-vous»; «Restez toujours à la page en matière de technologies et d’innovations dans votre secteur». Et de conclure: «Il vous reste encore plein de rêves à réaliser. Soyez passionnées!»
Source : www.slate.fr
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