"Sexe et santé chez les personnes âgées :Briser le tabou"

L’amour n’a pas d’âge, la sexualité non plus

sexualité

LA SEXUALITÉ, UN GAGE DE SANTÉ CHEZ LES BOOMERS

Bien que ce soit un sujet tabou, dans notre société qui l’ignore, s’en moque ou la diabolise, la sexualité est aussi un gage de santé de la personne âgée, assurent les scientifiques et les médecins. Y a-t-il une vie sexuelle à l’âge des boomers ? Rien ne l’interdit, assurent les médecins, qui en font une véritable problématique de santé.

  1. UNE SEXUALITE ACTIVE ALLONGE LA DUREE DE VIE
    À 75 ans, 69 % des hommes et 43 % des femmes ont une vie sexuelle, rappelle Pierre Costa, chef du service urologie-andrologie du CHU de Nîmes et président national de l’Association inter hospitalo-universitaire de sexologie. Chez les femmes, même des centenaires font l’amour. L’homme est le “maillon faible” : un sur quatre souffre de troubles de l’érection, qui augmentent avec l’âge. Mais avec deux rapports par semaine, il a “deux fois plus de chance de vivre dix ans de plus” alors que pour la femme, un lien est établi entre la fréquence des orgasmes et la longévité.
    “Beaucoup d’études vont dans le même sens, la sexualité allonge la durée de vie et les gens sont moins malades”, résume Pierre Costa. Les bénéfices sont multiples : sur le moral, contre le cancer de la prostate… et il n’y a pas plus d’incidence sur les accidents cardiovasculaires. “On vit plus vieux lorsqu’on est en couple, j’y crois beaucoup”, dit Pierre Costa, qui conclut sur un conseil : “Ne restez pas seul.”

2.  CE QU’EN PENSENT LES MEDECINS
“C’est une question qu’on aborde de plus en plus dans les consultations”, indique Pierre Costa, qui salue l’évolution. Parce que “la population vieillit” et qu’”on gagne des années de vie en bonne santé”, parce que “le nombre de divorces après 60 ans a été multiplié par 3,5 en trente-cinq ans” et que “derrière, il y a beaucoup de remariages”.
Certes, à 70 ans, “la sexualité n’est absolument pas celle qu’on avait à 17 ans, 30 ans ou 50 ans”, rappelle Jean-Louis Lamarque, précurseur dans le dépistage du cancer du sein très investi dans une retraite active au service de la santé des seniors qu’il ne cesse de mobiliser en allant à leur rencontre, avec son association Arcopred (lire ci-dessous).
“Il s’agit de vivre normalement son âge avec les renoncements nécessaires”, conseille encore Catherine Monnier, sexologue à Montpellier. Pour elle, “les seniors ont une sexualité qui leur appartient, qui est évoquée, valorisée, et cela fait son chemin dans l’imaginaire collectif”. Pas forcément sur la base du “bon vieux rapport sexuel à la papa. Toutes les formes d’intimité sont bonnes à prendre et à donner. Tout reste à inventer par chacun sans aucune préoccupation pour ce que les autres, notamment les jeunes, peuvent penser !”

3.  LES TABOUS SONT TOUJOURS VIVACES
En France, on est un peu “coincé” sur la question. “On est encore dans les tabous et les idées préconçues”, glisse Pierre Costa, qui rappelle qu’il n’y a pas si longtemps (en 1991), la philosophe féministe américaine Judith Butler jugait “honteux et pervers” le sexe chez les personnes âgées. “Ces idées sont encore dans la tête des gens”, constate-t-il.
Plus léger mais non moins stigmatisant : “On y pense un peu, on en rigole beaucoup”, déplore la titulaire d’un DU de sexologie qui a monté des sessions d’enseignement pour le personnel des Ehpad dans la région lyonnaise. Il y a souvent malaise : “Parler de la sexualité des personnes âgées renvoie à parler de la sexualité de ses parents, c’est inimaginable !”

Au Québec, les maisons de retraite mettent à la disposition de leurs résidents des “chambres d’intimité”… Ici, peu d’Ehpad ont des chambres doubles, et “on ne frappe pas toujours aux portes quand on rentre dans la chambre des résidents”. Elle “n’est pas sûre que les choses changent”. Même si les seniors ont “des envies”, constate-t-elle. Ou n’en ont pas : “Je me méfie de la dictature actuelle du “tout sexuel”. La sexualité, il faut l’accepter, pas l’imposer.”

JEAN-LOUIS LAMARQUE, ARCOPED : « C’EST UN INTERDIT INCROYABLE »
Pourquoi proposer des conférences sur la sexualité des seniors ?

Les trois-quarts des personnes vieillissent bien jusqu’à l’âge de 80 ans. Les hommes et les femmes ont une libido jusqu’à la mort. On fait de la prévention sur le cancer, les maladies cardiovasculaires, la dépression… Personne ne voulait parler de sexualité. C’est un interdit incroyable. Pourquoi un type de 70 ans qui fait des avances serait un gros cochon ? Il faut arrêter de dire qu’à 60 ans, c’est fini ! La sexualité entre dans le cercle vertueux de la santé, physique, psychologique et sociale. La majorité des études sur le sujet ont été faites par les Anglo-Saxons.

POURQUOI EST-CE TABOU ?
Parce qu’on vit dans une société judéo-chrétienne qui réprime la sexualité, parce qu’on glorifie l’hédonisme et le jeunisme. À un certain âge, on n’est pas condamné à regarder le soleil se coucher en se tenant la main.

LES CLES D’UNE SEXUALITE EPANOUIE CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES ?
Aller à son rythme et accepter son corps.

COMMENT RÉAGIT LE PUBLIC ?
Tout le monde est intéressé par ça… Certains sont choqués, souvent des femmes qui ont fait depuis longtemps une croix sur leur sexualité. Mais il y a aussi des réactions formidables.

CE QU’ILS EN DISENT
Dans les conférences de Jean-Louis Lamarque, ils se lâchent parfois : « Professeur, à 80 ans, c’est comme hier, du fer ! », confie un papy enthousiaste. En revanche, Jeanne (*), domiciliée dans une maison de retraite de la région, d’abord partante pour évoquer sa vie amoureuse, y renonce finalement. « Physiologiquement, tout se ralentit. Il y a un âge où on ne fait plus d’enfants, puis un âge où on ne fait plus l’amour ou presque », confie Jean, 87 ans, qui a « gardé une vie amoureuse » jusqu’au décès de son épouse, il y a quatre ans. « J’ai été garde-malade uniquement les six derniers mois de sa vie », indique-t-il. Autour de lui, lorsque le conjoint disparaît, il ne voit pas de couples se reformer : « On badine, ce ne sont que des mots. On a tous plus de 80 ans… Une dame m’a dit qu’elle avait reçu une demande en mariage. Je me demande si ce n’était pas une affabulation. »

Tiré du Journal Midi Libre Par Sophie Guiraud mise à jour 2021, par André Maccabée

Ajouter un commentaire

Cliquez ici pour poster un commentaire

L’INFOLETTRE

infolettre Cité Boomers l'âge d'argent

Ad

SITE DE RECONTRES

NYLOZAN

EXPO MANGER SANTÉ

SYNER G SUPPLEMENTS

VÉRO YOGA

CHATGPT OpenAI

SONDAGES RÉMUNÉRÉS

AGENCE BOOMERS CASTING

Les Archives

NOUVELLES DE L’INDUSTRIE

PARTENAIRES

infolettre Cité Boomers