Alta, Charles-Frédérick Ouellet
- André Maccabée
- il y a 4 jours
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Jusqu’au 30 novembre prochain La Maison des Jésuites de Sillery vous convie à une exposition du photographe documentariste, Charles-Frédérick Ouellet. Ce citoyen du monde, originaire de Chicoutimi, se promène sur notre vaste planète... l'Europe de l'Est étant l'une de ses terres de prédilection.

D'ailleurs son exposition - trois salles distinctes - concerne trois pays d'Europe dont deux fragilisés par des années de guerre, la Bosnie-Herzégovine et l'Ukraine, la 3e salle étant consacrée à l'Autriche.
Ce qui donne force et amplitude au travail journalistique de Charles-Frérérick c'est le fait qu'il prend racine dans différents pays. À preuve, il revient tout juste d'un séjour prolongé à Kiev, capitale de l'Ukraine. Aussi, l'automne dernier, il s'est posé quelques semaines en Géorgie, pays de l'ex Union soviétique (URSS).
Charles-Frédérick prend le temps de s'ancrer en chacun des pays où il séjourne, et la nature de son travail de photo-journaliste y trouve un écho propre à son immersion, son enracinement. Son expérience de photographe est en apparence aux antipodes du touriste habituel qui, par un acte reflexe, dégaine son smartphone pour capter une image, un moment, une émotion, un souvenir. En fait, il est paradoxalement tout cela mais ses intentions sont d'une toute autre nature. Pour bien comprendre, il faut se rabattre sur le titre de l'expo Alta (emprunté au vocabulaire de la géographie) celui-ci évoquant ce vertige propre aux situations qui nous dépassent.
Tout récemment en entrevue, Charles-Frédéric me confiait à peu près dans ces termes: " Ma façon de faire de la photo s'apparente à un travail immersif, c'est-à-dire habiter sur le terrain. Vivre le désordre, se sentir perdu. Me mettre dans la posture d'observateur, chercher à m'immiscer à l'intérieur de ce monde qui obéit à une toute autre logique." Son exposition s'inscrit dans cet esprit. Elle révèle en gardant un voile. Elle décrit avec pudeur et retenue. Elle invite à la réflexion beaucoup plus qu'au voyeurisme. Les photos sont sobres, vêtues de noir et de blanc. Suspendues aux murs, rampant au sol. Parfois seules, parfois regroupées.
Ces photos renvoient à des images de solitude, de désolation, d'abandon. Elles ouvrent à des sensations sur le terrain, ce terrain miné par une ambiance brumeuse où se mélangent mélancolie, fatalisme, désespérance. Ces clichés parfois abstraits poursuivent une mission, celle de nous mettre dans la peau d'observateur de Charles-Frédérick. Cette peau qui voit, sent, respire, capte les affres de la tragédie humaine. Bien plus qu'une exposition de photos, Alta se veut un souffle dans le réel.
La maison fait partie de ce regroupement : https://www.maisonsdupatrimoine.com/fr/
Sylvain Tremblay
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