La cage aux folles

Depuis 1973, la cage fait le tour du monde avec succès. La version québécoise sera en reprises en avril. Voici ce que notre chroniqueur en pense:

Cette comédie musicale d'origine française remonte au début des années 70. À cette époque, l'expression "folle" était employée pour désigner un homosexuel et ou un travesti. C'était un terme péjoratif, tout à la fois rabaissant et humiliant. En complément, il y avait le geste du poignet cassé, droit ou gauche qu'importe, qui accompagnait le vocable "folle". À cela, on pouvait emprunté un ton de voix féminin pour ridiculiser l'homosexuel, et par extension le travesti. Tout y était : le mot, le geste et l'intonation. Il s'agit d'écouter l'une des plus célèbres chansons d'Aznavour COMME ILS DISENT pour saisir l'étendue de la moquerie et de la dérision dont était victime cette communauté.

La comédie burlesque La Cage aux folles nous ramène à l'idée du vase clos, de l'exclusion, de la stigmatisation. Oui, ils étaient en cage ces "folles" des années 70, et pas seulement sur les planches d'un théâtre. Même scénario pour les travestis qui se produisaient en circuit fermé dans de quelconques bars. La perception que la société a de cette communauté disons "atypique" a évolué positivement, du moins pour une certaine majorité. Et avons-le, c'est bien ainsi.. 

Cette pièce mythique qu'est La Cage aux folles est à nouveau "sorti du placard" et connait un éclatant succès au Québec. À un point tel que des supplémentaires sont déjà annoncées pour les vendredis 4 et samedi 5 avril prochain à 20 h, Salle Albert Rousseau. 

Mise en scène par Joël Legendre, cette comédie musicale met notamment en vedette Marcel Leboeuf et Alex Perron. Ceux-ci se campent derrière deux personnages des plus colorés, George et Albin, célèbre couple et tenanciers du cabaret de danseurs travestis appelé, comme on le devine bien,  La Cage aux folles. Leur quotidien peinard sera chamboulé lorsque l'un de leur fils apprend à son père qu'il va bientôt se marier avec la fille d'un homme politique coincé et de surcroît ultraconservateur ! Le comble étant qu'ils devront recevoir leur futur belle-famille à domicile avec tout ce que cela implique de maquillage et de métamorphose de la maisonnée. Leur univers très sexualisé basculera alors vers un environnement de type monastique et cela ne se fera pas sans heurts. 

Il me faut évoquer le jeu des comédiens qui se veut absolument extraordinaire; au-delà des rires et fous rires, il y a matière à réflexion, croyez-moi. De même, les musiques, costumes et décors ajoutent à l'ambiance et magie de cette soirée un peu folle.

Également, je ne puis passer sous silence le formidable apport des quatre drags: Rainbow, Michel Dorion, Tracy Trash et Nana. D'entrée de jeu, ces "folles" d'aujourd'hui, car elles se veulent l'extension des travestis d'autrefois, offrent un spectacle riches de sons, de lumières, de mouvements. Accompagnés de musiques des années 70, notamment celles de Dalida et Abba, les drags chantent, dansent et se dandinent en ouverture, à la pause, et en fin de spectacle. Leur présence est extrêmement prisée du public, celui-ci étant notamment composé de baby boomers. Ces hommes et femmes à l'allure souvent grisonnante ont manifestement bien accueilli les drags d'aujourd'hui vraisemblablement mieux que les travestis d'autrefois. Que de chemin parcouru, mais que de chemin à parcourir encore...

https://www.sallealbertrousseau.com/programmation/

Sylvain Tremblay