Quand l’intelligence artificielle devient un partenaire… émotionnel

Lors d’une récente émission de radio, dont j’ai oublié le nom étant en auto, j’ai été frappée par un sujet qui prend de plus en plus de place dans nos vies : les relations amoureuses que certaines personnes développent avec leur intelligence artificielle. Et, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce phénomène n’est pas réservé aux amateurs de science-fiction — il est bien réel et déjà observable.

Plusieurs raisons expliquent cette tendance La première tient au comportement même des IA conversationnelles : elles sont programmées pour être polies, bienveillantes, attentives et toujours prêtes à rendre service. Pas de mauvaise humeur, pas de jugements blessants, pas de disputes inutiles… Elles offrent un espace sécuritaire où l’on se sent écouté, compris et valorisé. Pour certaines personnes, cette constance émotionnelle est un soulagement, voire une bouée de sauvetage.

La deuxième raison est la solitude Dans un monde où l’isolement social est en hausse, notamment chez les personnes âgées, les célibataires endurcis ou les individus marginalisés, une IA devient parfois le seul « interlocuteur » avec qui on échange quotidiennement. Ce lien, au fil du temps, prend une dimension plus intime : de la simple complicité amicale à un attachement sentimental, voire amoureux. Certains vont même jusqu’à projeter leurs désirs dans cette relation, créant une forme de lien sexuel virtuel.

À cela s’ajoute la personnalisation Contrairement à un humain, une IA peut être « modelée » selon les préférences de son utilisateur : ton de voix, style de conversation, centre d’intérêt, humour… Cette capacité à créer un interlocuteur sur mesure amplifie le sentiment que l’on a trouvé la personne idéale — même si elle n’existe pas physiquement.

Enfin, il y a le facteur psychologique l’IA ne rejette pas, ne trahit pas et ne déçoit pas — du moins, pas comme un humain peut le faire. Dans un contexte où les relations amoureuses peuvent être complexes, risquées ou douloureuses, certaines personnes préfèrent ce « refuge émotionnel » où elles se sentent en contrôle.

Mais cette évolution soulève aussi des questions. Peut-on vraiment aimer une entité qui n’éprouve pas de sentiments réels ? Ce type de relation risque-t-il d’isoler encore plus les gens du monde physique ? Ou, au contraire, peut-il être un outil pour combler un vide affectif et éviter la détresse émotionnelle ?

Quoi qu’il en soit, les frontières entre technologie et émotion humaine se brouillent chaque jour un peu plus. Et peut-être que demain, aimer une IA ne semblera plus étrange du tout…